8 h du mat’ j’ai des frissons, je claque des dents et je sue du front.
Briefing à Carole pour une journée d’essai de la 1125R. Je suis mieux là qu’au boulot.
Le moniteur, Jean François Cortinovis, dit Jeff , vrai pilote qui va vite pose la question : qui à déjà fait de la piste ? Quelques mains se lèvent, des mecs avec des combardes râpées et slider usés.
Nous v’la bien, je vais me retrouver au milieu de possesseurs de GSXR et autres R1 aperçues sur le parking . Un type en combine rouge fait des assouplissements de poignets pendant que le prof nous cause. Zob, on est en MotoGP ou quoi ?
Krisly, mon compagnon de session, écoute studieusement Jeff nous expliquer la procédure de cette première séance: chacun fera un tour derrière lui pour observer les trajectoires et découvrir la piste et se laissera glisser ensuite en queue de peloton laisser la place au suivant.
Jeff nous rappelle que ce n’est pas une session piste mais une séance d’essais de moto, donc il ne faut pas s’enflammer.
Non non me dis-je in petto, je serais sage comme une image et je veux pas casser mes vieux os. M’enfin, s’il y en a un qui me chatouille sur la piste, y va voir qui c’est Raoul.
Direction la piste ou les brêlons sont alignés en prégrille.
Je me précipite comme un gosse sur la première moto, juste derrière le prof.
La 1125 je l’avais découverte au salon, lors de la rencontre avec Erik Buell
En chassis, la conception est une XB, les choix techniques sont les mêmes.
En moteur par contre, ce n’est pas vraiment une évolution mais plutôt un nouveau départ avec un vrai moteur moderne. Alors bien sûr cette meule s’est fait flinguer sur le forum par tous les intégristes et autres ayatollahs de la tub à moteur HD qui pensent que Buell a vendu son âme au diable.
Mais quand on y pense un peu sérieusement, qu’on sait que le père Eric, ingénieur chassis à la base a créé des motos innovantes avec recentrage des masses, réduction de poids non suspendu, pot sous le moteur, essence dans le cadre, et huile dans le bras oscillant, on trouve anachronique qu’il soit obligé, actionnaire HD oblige, de se motoriser par un moulbif qui a une conception d’une autre époque, avec les limites en performances que cela induit.
D’un coup avec Rotax , on gagne 50 CV, une aptitude à passer les lois antipollutions et normes de bruit (un moteur à eau filtrant bien mieux les bruits mécaniques) et des évolutions que le moteur culbuté ne pouvait plus fournir.
Bon d ‘accord, les écopes vues en photo font moche, mais en vrai et en noir, cela devient acceptable.
En selle.
La position ressemble à la XB R, appui modéré sur les poignets et repose pieds pas sous les fesses.
Contact. Un petit bandeau lumineux défile avec un truc genre Buell Wisconsin, comme à la kermesse. Le compteur de vitesse est digital, le compte tours classique, mais sans zone rouge à 6 800 comme ma XB
Le bruit est…. stock mais peut être moins naze qu’un XB d’origine. La plaque d’homologation sur le cadre indique 102 db à 5000 tours. Zarbi comme étalonnage.
Un coup de gaz, il n’y a pas d’inertie , le régime monte sans forcer.
Nous voilà partis, je file le train en scrutant méticuleusement les traj’ de Cortinovis. Le rythme est quasi larvesque, « découverte de la piste pour la première séance » qu’il a dit . Tu parles, la piste je la connais un peu, la première fois que j’ai tourné ici c’était en 1983.
A l’époque le revêtement était en terre . (non, là j’déconne) .
A la fin du premier tour il me demande de me décaler pour laisser passer les autres, et je me retrouve en queue de peloton.
Comme tout le monde doit faire un tour derrière le mono, on ne peut pas doubler et je passe le reste de la session à faire le cake dans le convoi, me faisant juste deux trois petits dépassements sur des chicanes mobiles pour les laisser repasser dans la ligne droite.
Fin de la séance, j’ai pas ressenti grand chose. A ces vitesses là toutes les motos sont bonnes.
La moto est facile à inscrire en courbe, une XB quoi. Par contre j’ai trouvé le freinage agressif, le 8 pistons doit être délicat à gérer sous la flotte.
Briefing BMC de la deuxième séance, la position sur la moto, Cortinovis nous détaille les différentes positions à adopter selon la configuration de la piste.
Puis un agent secret nous révèle une information capitale. Parmi la vingtaine de motos présentes, 4 seraient débridées, le bridage se faisant sur la longueur du tirage des gaz.
Je profite de la pause déjeuner pour aller en prégrille tester toutes les poignées de gaz des meules. Tirage court, bridée, tirage long , à moi les 147 canassons.
Je repère les meules qui vont bien, note les numéros dans ma tête et vais bouffer. Aussitôt le repas expédié, je me lève l’air de rien, rentre sur la pit lane, enlève mon blouson et le pose sur la selle d’une 1125. Le premier qui touche à ma meule, je le fume. Raging powaaaaaa.
Deuxième séance, le prof ouvre le bal à un rythme un peu plus élevé. Je démarre en queue de peloton mais remonte les autres par grappes entières principalement au freinage et dans le sinueux avant la parabolique. Au bout de trois tours, alors que je double le dernier à l’accélération dans cette même parabolique, je me retrouve derrière le prof, qui se retourne, me fait un geste de la main pour me dire de baisser le rythme , puis me dit de le dépasser.
J’ai du mal à comprendre : You talking to me ? Tu veux que je me casse, tout seul sur cette piste vide ? Bon, action. Mais sans personne devant comme point de repère je me sens un peu perdu et me concentre sur la moto et la traj. Au fond du circuit, à l’entrée de la ligne droite je balance la purée. La direction devient légère, la roue avant semble légèrement décoller alors que le compte tours part à la cave. La putain de sa mère, elle envoie du gros l’amerloque.
Je prends 185 en bout de la courte ligne droite avant de choper les freins, épingle , re watts, le moulbif repart comme une balle en vivacité mais sans le gros couple XB. Idéal sur circuit mais peut être moins agréable sur route, comme sur toutes les sportives d’ailleurs. La session approche de sa fin quand un type me double les doigts dans le nez avec 10 bornes de mieux.
Mais d’ou tu sors, toi ? Tu dois avoir une moto débridée. Ah merde, moi aussi. J’essaye de m’accrocher mais walou, le mec me dépose comme si je roulais en Dax. Affeux mais beau. Mais affeux. Je suis une fiotte.
Fin de la séance, bof je score 2, pas mal pour un vioque. Je passe la moto à Krisly pour le second groupe.
Fais chaud sous le casque, je suis tout rouge, mais putain c’est trop bon.
Brief du boss Buell sur la conception de la meule, plus pour les extérieurs que pour les connaisseurs qui connaissent l’histoire puis re brief de notre prof pour la troisème séance avec cette fois une étude des trajectoires sur les virages. On écoute les conseils, déjà bien fatigués par la journée.
Il fait chaud, je ferais bien une sieste moi.
Fin du briefing, 3è séance, je me reprécipite vers la meule débridée, pose mon casque sur la selle d’un air décidé, elle sera de nouveau à moi.
Le mono lache les fauves rapidement, ma meule est encore en fond de grille et je recommence à remonter les autres, 2 ou trois par tour. Je reconnais Angel que je regarde déhancher quelques virage avant de la passer avant la parabolique, et au bout de quelques tours je me retrouve tout seul et à 2-3 tours de la fin le même mec que tout à l’heure me redouble en fumant la pipe et me prend 20 mètres en 3 virages. Je lache le morceau, la fatigue de 3 sessions de 15 mn commence à me faire faire n’importe quoi . En bout de ligne droite j’ai du rentrer un rapport de trop, je sens l’arrière qui balaie la piste alors que je relache l’embrayage. Je commence à avoir mal aux poignets, pas habitué à la position, et au cuisses à force de me farcir les transferts de masse. Il est grand temps de lever le pied avant d’aller au tas.
La séance se termine et je rentre aux stands heureux. Et hop, encore un podium.
On boit un coup, discute avec Jeff et nous séparons après avoir salué tout le monde.
Quant à la meule, celui qui cherche un twin sportif léger et joueur avec un moulbif qui envoie ne sera pas déçu. En full, elle envoie sacrément.
Mais la route n’est pas un circuit et la loi c’est 100 CV alors…
Pour terminer, un grand merci à la marque et aux concess parisiens pour cette journée. Essayer une meule toutes les marques le proposent, mais un essai circuit avec conseils de pilotages donné par des pros ça c’est du caviar. Si l’occasion se présente, foncez.
Un spécial pour les forumeurs présents sur la piste ou en dehors, même en coup de vent pour dire bonjour :
Krisly, MFR, Koda (GO), Sauron (que je pourris quand il veut) Djack, Zef, Darknight , Ptit’Oliv, Scal 91, Kwame, Ludoxb12, Duss, Robin, Khoriolys, Angel et Karabadaf.
Pardon si j’en ai oublié
Raging Buell Powaaaaa