Aujourd’hui vendredi 18 Mai deux mille quarante six
Je me lève non sans mal.
Mes articulations sont douloureuses…
Comme tous les matins, je me dirige vers la salle de bain.
D un geste lent, j attrape mon rasoir, ma main tremble, mon miroir me renvoi une drôle d image…
Je sursaute ….
Et voilà … je viens de me couper….
Mon reflet dans la glace et formel, j ai 80 ans, la peau tannée et flétrie par le poids du temps
Et une belle entaille au menton…..
Mais ce matin et pour la dernière fois la force est avec moi.
Je descend à la cuisine, lance deux mots à mon Dom-Dom-tique juste histoire d allumer la lumière ainsi que la radio.
Les news ne sont pas bonne.
Les carburants fissiles et les comburants ont pris vingt points….
Qu il est loin le temps de cette bonne vieille odeur d essence….
J avale mes pilules goût croissant et café…
Je suis fin prêt !!!!!!
Quinze ans que j attend ce moment….
Je descend lentement les escaliers qui me mènent au sous sol.
D un mouvement sur et précis, ma main pénètre ma chemise afin d obtenir le sésame du bonheur.
Accroché à une chaîne en or, Une clef !!!!
Cette chose bleu au prolongement brillant est ornée d un Pégase.
Je la met entre mes dents en silicone et continue de descendre vers l obscurité.
La porte me résiste…..
Je peste, car la rouille a maudit les gonds…
Hors de question que j abandonne…
La journée qui s annonce est trop belle et peut être même qu elle sera ma dernière……
Tout en luttant contre la puissance des ans…
Mon esprit vagabonde.
Je ne puis m empêcher de revenir quarante ans en arrière.
Une époque chevaleresque, une époque ou les MIB régnaient en maître sur la Gironde.
Un temps d insouciance ou le citron vert se cueillait à même le sol…
Devant tant de souvenirs, je ne puis retenir mes larmes.
Le sel de ces dernières me brûle, mais qu importe….
Ca y est….
Ces satanés gonds viennent enfin de m obéir.
Ma gorge se noue….
Tel l aventurier face à l ultime trésor.
Je suis maintenant dans la place….
Je contemple une forme indéfinie.
Un drap de coton recouvre le plus bel objet qu il m ait était donné de posséder.
A sa droite, une autre porte me tend les bras.
Elle est protégée par une combinaison et abrite le plus grand des trésors.
De mes doigts ,devenus rigide ,je tourne la molette afin d aligner la succession de chiffre dont elle a besoin.
Un bruit sourd et salvateur retentit….
J accède enfin à quinze ans d économie, mon dur labeur vient de me récompenser.
Vingt litres d essence me tendent les bras à une époque ou le carburant fossile a été rayé de la planète.
Je suis maintenant en mesure d ôter le voile de cette chose sans forme qui habite mon sous sol.
Mon cœur s emballe, mes mains tremblent, au souvenirs de ce que je vais redécouvrir….
Celle que mes amis nommaient le tracteur vient à nouveau de cligner de l œil.
Elle est là, son poitrail gonflé de tout son V….
Ma mâchoire se relâche, ma main se tend afin de récupérer le doux objet qui me permettra de mettre un terme à toutes ces longues années d attente.
Ce que l on appelait une clef et enfin entrez mes doigts….
J ouvre l orifice qui sert à abreuver ma monture.
Je débouche le jerrican.
Je suis enivré par cette odeur qui me ramène à mes plus doux souvenirs .
Je tend l oreille et bien que mon ouie ait faibli, j observe ce « gloup gloup » si singulier.
Pour moi c est maintenant l heure de vérité.
Je me déshabille.
Je suis nu.
Je me dirige vers ce que l on appelait autrefois une penderie.
La fermeture éclaire ne me résiste même pas…..
Tel un chevalier se devant d accomplir l ultime rituel, mon bras se tend.
J attrape une chemise en « Jean » et je l enfile.
Son contact me rajeunit.
Viens le tour du pantalon en cuir.
J ajuste mon ceinturon .
Mes bottes sont devenues trop grande
Mais ceci ne m empêchera pas de respirer l odeur de mon blouson.
Je suis enfin prêt.
Je pose mes gants sur la selle.
Je suis hésitant
Mon cœur est enclin à l arythmie
« CONTACT »
Des voyants s allument
Tout est OK
Mon doigt file vers le « START »
Je me retiens
Tout comme le nouveau né qui n ose prendre sa première inspiration.
Un vacarme d enfer retentit
Un ralenti bancale comme à la bonne vieille époque.
Ma Miss tremble de tout ses organes.
Je pleure en ouvrant la porte du garage.
Le moment est venu…..
Je met mes gants…
J enfourche le démon
La pointe de mon pied fait retentir la boite mécanique d un engin aussi vieux que moi.
D un geste rageur je jette mon casque à terre.
A quoi bon la sécurité puisque ce sera mon dernier voyage.
Le moment est venu.
Je file à toute vitesse en quête du seul paradis que je souhaite, LA LIBERTE
Car ce soir le vieux loup, hurlera à la lune en guise d adieu.
BUELL FOREVER
Playmo (qui a rendez vous avec les anges.)
http://www.mib.xooit.fr
PS: Que VIVE BUELL