Ma « toute - toute première fois » sur une bécane de Trial, vue à travers mes yeux vierges de bleue-b… de novice :
Tout a commencé un peu par hasard quand BuellDog m’a proposé d’essayer ses Gas Gas TXT (un grand merci à toi, Bruno !
) .
Faut pas me le dire 2 fois : je suis toujours partante pour tester une moto !
Depuis presque 20 que je chevauche des engins plus ou moins terribles, j’ai eu la chance de poser mes fesses sur un peu toute sortes de bécanes, soit pour un galop d’essai, soit pour plus, si affinités : de 125 à 1250 cc, de la culminante Yamaha 250 WRF au rase-bitume Sportster 883 Harley, en passant par Yam 125 DTR, Suz’ 650 Djebel, Yam 250 TTR, Yam FZ6, Kawa Er6, et Buell XB9, bien sûr...
Mais -grosse lacune !- la moto de trial, j’avais zappé. Ça faisait très longtemps que ça me titillait, mais faute d’occasion, point de larron. Et puis, les rares fois où j’avais vu à la télé des extra-terrestres dans des numéros de funambules à donner le vertige m’avaient convaincue que le trial, ça n’était pas de mon ressort.
Mélange d’excitation et d’appréhension quand je découvre les starlettes du jour sagement sanglées dans le fourgon : une GG 280 de 2001 et une GG 300 de 2007. Une bleue et une rouge. Superbes. Séquence contemplation.
Cornélien de choisir entre les 2. Eh oui, messieurs, vous savez bien qu’une fille va choisir un véhicule en fonction de sa couleur, quand un homme va regarder le moteur, la puissance, les aspects pratiques, les jantes en alliage. Chacun son truc.
On lâche les fauves.
Curieusement, j’ai comme un noeud dans l’estomac. Vais-je parvenir à dompter la bête ? Un 2 temps, j’ai pas l’habitude…
Ressaisissons-nous : avoir une horde de chevaux dans la main droite, ça ne me fait pas peur ; un bi en V à 45° de 1000 cc hiberne à l'écurie ; je ne vais quand même pas me laisser impressionner par un p’tit « gros » quart de litre, tudieu !
Bruno a la courtoisie de me démarrer « ma » monture de l’aprem’ : la 280. Apparemment, faut donner un sacré coup de sabot sur le kick pour ébranler la bête… Viril.
Je m’enivre des sensations de l’instant : pétarade excitante du 2 temps, ça sent la brêle de compét’. Fumée blanche, parfum de bécane de cross. Miam !
Il paraît que « le meilleur moment, c’est quand on monte l’escalier… »
Mais trêve de tergiversations, action !
J’enfourche la brêle, en levant la jambe ridiculement trop haut ; embrayage ; on va passer la première, « comme d’habitude »…
Nom de Zeus ! Il est où, le sélecteur ? Ils ont oublié d’en mettre un ? ! ?
ça ne se fait pas, quand on est un « vrai » motard, mais tant pis, je jette un œil, pour le coup dubitatif : aaah voui, d’accord : pour changer de rapport en gardant la botte sur le cale-pied, il doit au moins falloir chausser une pointure 48…
Première, et ça décolle. Embrayage hyper onctueux, moteur hyper souple, ça part sur un filet de gaz, on se sent tout de suite à l’aise. Séquence premières sensations.
Je me lance : un peu de gaz (prudence, prudence… c’est pas ma bécane… et ça la foutrait mal si je me vautrais dès les premiers mètres…), puis la 2 ; tiens, j’ai dû rater la 2 ; ça arrive, et ce serait pas étonnant avec ce sélecteur à « Chaille-les-eaux »… Non, je suis bien en 2 ! Je recommence : première, seconde, troisième… Vin’diou ! Mais ils ont mis 3 fois le même rapport ! ! ! Ah, enfin, on sent une différence quand on arrive en 4 ou en 5…
Pas le temps d’y réfléchir, faut que je me concentre un peu sur le chemin, parce que ça tourne et c’est plutôt humide : je tombe les rapports, je ne sais plus du tout sur lequel je suis. Vu l’allure, ça doit être la première… Mais non, c’était la 2… Et le moteur repart sans effort, sans manifester aucune désapprobation… Déconcertant !
On arrive sur le terrain de jeu. Freinage, pied à terre, le fessier descend tout seul. Oups ! Mauvais réflexe ! J’ai cru m’asseoir par terre… ça va être dur, le régime sans selle !…
Premiers tours de roues sur terrain « accidenté » : des marnes ravinées et bien grasses qui dessinent comme les doigts des pattes d’un titanesque tyrannosaure. On se balade au fond d’un océan d’il y a 200 millions d’années, entre Trias et Jurassique, et il est encore trempé. Mais ça, c’est la faute au déluge de ces derniers jours.
Si ça arrache les bras ? Difficile de répondre… Au bout de 5 minutes, j’ai déjà plus de bras.
Le fond de l’air est frais, mais bizarrement, moi, je surchauffe.
Petite pause pour souffler. Soyons citoyen, hein, économisons l’essence !
Avant de couper le moteur, je cherche le point mort. Bon, ils ont enlevé le point mort ! On fera ce qu’on peut avec ce qu’on n’a pas.
Naïve tentative de redémarrage. Black-out. Le kick fait la sourde oreille. Un motard qui n’arrive pas à démarrer sa moto, le comble de la honte. Séquence « comment avoir l’air couillon ».
Brunooo ! A l’aiiide !
Go ! Surtout, ne pas caler.
Première, accélération, deuxième, trou noir : ah, ben j’ai retrouvé le point mort, tiens ! En voilà une bonne surprise ! ! ! Sauf que là, ici et maintenant, je l’enverrais volontiers au Diable…
Il se planque à l’arrêt, et se rappelle parfois à mon bon souvenir quand j’enchaîne 1 - 2 ou 2 - 1. L’esprit de contradiction, sans doute. Le petit côté féminin de la meule ?
Désarçonnant comme ça tracte sans caler dans les montées ! Un vélo avec un moteur hors normes. Wahou ! Et un avant léger, léger !... Un vrai jouet !
J’ai sans doute un peu trop abusé de la première, comme si j’étais passé au même endroit avec un trail. Faudra que je me procure d’urgence le mode d’emploi et que je l’assimile…
Je prends de l’assurance, je commence à m’amuser. On est là pour ça ! Voyons un peu comment la Gas Gas réagit… Ou du moins, comment je réagis au guidon de la bête. Aucun risque de chute due à la hauteur de selle. Et si on ne se « sent pas » un passage, trop facile de manœuvrer.
« Petite » descente interminable à je ne sais pas combien de degrés. Mais ça penche méchamment à mon goût. Séquence transpiration. Allez, comme on dit, y’a pas de honte à saisir les freins ; on va pas la jouer bobsleigh ; en plus, c’est pas ma bécane.
Damned ! Ils ont aussi enlevé le frein arrière !
Brunooo, c’est quoi, cette machiiine ? ! ?
Pas de clé de contact, pas de rétros (là, je suis d’accord ; comme le disait ce vieux Ed’, ça fait perdre 3 bons km/h à fond de 5 ; c’est de toute façon casse-gueule de ne pas regarder devant soi quand on roule ; et puis, c’est ce qui morfle en premier quand on tombe), pas de clignos (de toute façon, c’est moche, les clignos, et ça sert à rien, vu qu’on enrhume tout ce qui roule et qu’on n’a donc jamais personne derrière quand on tourne à gauche), pas de compteur de vitesse, pas de compte-tours, pas de phare (et pour rentrer d’une balade au clair de lune, on fait comment ?), pas de feu de stop (on risque de se faire rentrer dans le Q, lààà, non ? Non ? Ah bon, c’est pas étudié pour rouler sur la route ?), pas de selle (sans commentaires ! ! !…), pas de témoin de point mort (y’a pas à dire, je l’aime bien, moi, la petite lumière verte…), pas de démarreur électrique (vu le sale caractère du kick, ça serait pourtant pas du luxe !), pas de batterie, pas de jauge, pas de place pour embarquer un SDS…
...mais elle est complètement désossée, cette pauvre bécane !
J’ai quand même fini par le trouver, ce rogn’tudiou de frein arrière. Ça peut éventuellement servir, à l’occasion…
Heureusement que les pneus sont bluffants d’adhérence.
C’est un autre monde. Rien à voir avec les autres machines. Tous mes repères volent en éclats.
J’aime faire corps avec la bécane, j’aime bien me caler contre le réservoir et le serrer entre les jambes : ben là, y’a rien à serrer entre les cuisses.
Ça repose parfois de se « poser » un peu, de s’abandonner sur la selle ; ben là, y’a pas de selle.
Un train avant un peu lourd, bien stable, ça permet parfois de se laisser aller en ne le tenant que du bout des doigts ; ben là, y’a pas un moment de répit, faut tout le temps tout contrôler. Physique ! Et va falloir désapprendre tout ce que je connais !
J’imagine que ça doit être jouissif quand on arrive à maîtriser parfaitement l’outil.
Mais moi, j’ai encore quelques progrès à faire.
La session s’achève, retour aux stands. Mal partout. Ereintée. Moulue. En sueur. C’est une salle de muscu à elle toute seule, cette brêle !
Depuis 5 ans que je suis passée exclusivement sur bitumeuses, mes petites tablettes de chocolat déjà bien moelleuses ont fondu en une mousse onctueuse, et je déguste…
Le kick est moi, on s’est quittés définitivement fâchés. Le s…pard est resté de marbre face à toutes mes avances, pourtant pressantes et répétées. Rageant. Il doit préférer les mecs. Je lui réserve un chien de ma chienne.
Le mot de la fin, lancé par mon Gentil Accompagnateur du jour :
« C’est pas marrant, t’es même pas tombée ! »
Promis, Bruno, je tâcherai de faire mieux la prochaine fois et de me lever au moins une gamelle. Avec TA moto, bien sûr…